Violences et affrontements en Catalogne, Tsunami démocratique appelle à la grève générale
L’appel à la grève générale de vendredi en Catalogne est lancé par « Tsunami démocratique ». Ce mouvement d’un genre nouveau, à l’origine du blocage de l’aéroport de Barcelone lundi, se mobilise dans la rue et sur le Net.
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Aéroport paralysé, routes bloquées, heurts avec les Mossos d’Esquadra (la police catalane) : la tension monte du côté des indépendantistes catalans. Quelques heures à peine après l’annonce de la condamnation de neuf leaders indépendantistes, des milliers de séparatistes ont répondu, lundi 14 octobre, aux appels à la mobilisation de la mystérieuse organisation « Tsunami démocratique ».
Le rendez-vous a fait date : durant plusieurs heures, 10 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, ont bloqué l’accès à l’aéroport hautement sécurisé de la métropole catalane. Pour y accéder, « Tsunami démocratique » a envoyé à ses membres des centaines de faux billets d’avion. Résultat : 110 vols annulés et 115 blessés dans des échauffourées avec la police.
Des actions qui contrastent nettement avec le style festif des débuts, il y a dix ans, des mobilisations massives organisées par les puissantes associations indépendantistes Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium. Le ton est plus radical : « Faisons de la Catalogne un nouveau Hong Kong », lancent désormais de nombreux séparatistes sur les réseaux sociaux.
À Madrid, le gouvernement et les médias s’interrogent sur cette organisation dont les actions s’apparentent à celles d’Anonymous, cybermouvement lancé en 2003. « Il y a une enquête (…) Je ne doute pas du fait que nous finirons par savoir qui est derrière le mouvement », a assuré le ministre de l’Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska. Il a par ailleurs annoncé l’envoi d’un millier de gardes civils supplémentaires pour soutenir les 2 000 agents des forces de l’ordre déjà sur place et les Mossos.
Tsunami démocratique se définit comme “un mouvement citoyen, sans limites, et organisé en réseau”. “Nous encourageons la désobéissance civile pour mettre fin à la répression de l’État et pour le droit à l’autodétermination en Catalogne”, précise-t-on. La structure est présente sur Twitter, Telegram, qui compte plus de 275 000 abonnés et une application.
L’anonymat y est total. “Les coordinateurs ne savent pas qui est au-delà de leurs contacts directs”, décrypte le quotidien catalan la Vanguardia. Ni leader, ni porte-parole pour éviter toute action judiciaire, contrairement à ce qui est arrivé à Jordi Cuixart et Jordi Sànchez.
Le mouvement a été lancé en septembre, bien avant que la sentence de la Cour suprême soit prononcée, lors d’une réunion à Génève avec le président de la Generalitat, Quim Torra, de son vice-président, Pere Aragonès, et du président du Parlement, Roger Torrent.
Mais le groupe réfute toute affiliation. “Il n’y a aucune organisation derrière, assure le mouvement. Cependant, nous sommes en coordination avec tous les acteurs politiques et sociaux pour le droit à l’autodétermination et contre la répression.”
Sa force, utiliser un outil innovant pour coordonner ses partisans, via des applications cryptées telles que Telegram, et prévenir des points de rendez-vous et des consignes d’organisation. Un système presque identique à celui de l’opération qui, à l’automne 2017, a réussi à envoyer toutes les urnes aux écoles pour le référendum du 1er octobre.
Sauf que pour avoir accès à cette appli F2F (Friend to Friend, d’ami à ami), qui permet également d’échanger des fichiers sans qu’ils puissent être tracés ou repérés par les autorités, selon El Pais, il faut recevoir un code, qui ne peut être envoyé que par un membre et utilisé qu’une dizaine de fois. Une façon de tenir les policiers à distance.
Devant l’ampleur de la mobilisation et les incidents qui en découlent, le président indépendantiste catalan Quim Torra a fini par condamner les violences dans la nuit, tout en tenant un discours de défi envers l’État espagnol devant le Parlement régional. « Nous ne pouvons pas nous permettre de faire un pas en arrière dans la défense inaliénable de notre droit à l’autodétermination. La peur et les menaces ne nous vaincront pas », a-t-il lancé en promettant de parvenir à l’indépendance d’ici deux ans.
Aux commandes du gouvernement régional et dominant le Parlement, les indépendantistes ne représentent pas la majorité des 7,5 millions de Catalans. D’après le dernier sondage publié en juillet par le gouvernement régional, 44 % de la population est favorable à l’indépendance tandis que 48,3 % y est opposée.