Changements attendues dans la relation entre Washington et Ankara
Le démocrate Joe Biden avait qualifié le président Recep Tayyip Erdogan d’autocrate dans un entretien filmé réalisé en décembre par le New York Times, et que Washington devait «enhardir» les rivaux du dirigeant turc pour qu’ils le battent , «pas par un coup d’Etat, mais par le processus électoral». La vidéo de cette interview a refait surface en août et a provoqué une réponse ferme d’Ankara.
Sous Joe Biden, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne pourra probablement plus pouvoir peser sur les décisions du locataire de la Maison Blanche avec un simple coup de fil comme il avait l’habitude de le faire avec son “ami” Donald Trump.
Avec le départ de M. Trump, le président turc “a des raisons d’être inquiet”, estime Gönül Tol, experte à Middle East Institute, dans une note d’analyse.
“Ankara craint de voir Joe Biden développer des liens encore plus proches avec la Grèce et d’avoir une ligne plus dure contre la Turquie”, décrypte Mme Tol.
“Je ne pense pas que l’administration Biden sera aussi indulgente avec la Turquie à propos de la Syrie et d’autres sujets”, abonde Sam Heller, un expert indépendant sur la Syrie.
“Sous l’administration Biden, les relations entre Washington et Ankara démarreront sans doute avec tension et appréhension”, pronostique toutefois Asli Aydintasbas, du centre de recherche Conseil européen des relations internationales (ECFR).
Contrairement à son futur prédécesseur, Joe Biden pourrait en outre user à l’égard d’Ankara “d’un discours mettant en avant la démocratie et les droits de l’homme dans les relations bilatérales”, affirme Mme Aydintasbas.
“Ankara craint de voir Biden essayer de contenir une Turquie en expansion”, résume Mme Aydintasbas.
Ayant une approche moins isolationniste que M. Trump, M. Biden pourrait aussi essayer de museler l’activisme turc à l’étranger, comme en Libye ou dans le conflit au Karabakh dans lequel Ankara a pris fait et cause pour l’Azerbaïdjan face à l’Arménie.
La Turquie se trouve par ailleurs sous la menace de sanctions américaines lourdes pour avoir acheté le système de missiles russes S-400 et l’approche qu’adoptera M. Biden sur ce dossier sera déterminante.
par: Arab Observer