Washington Post révèle un document classifié lié aux menaces de ben Salmane contre les États-Unis
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammad ben Salmane (MBS) a menacé de modifier fondamentalement la relation américano-saoudienne et d’imposer des coûts économiques importants aux États-Unis si ces derniers prenaient des mesures de rétorsion contre les réductions de pétrole, selon un document classifié obtenu et rapporté par le Washington Post.
D’après un document classifié qui a fuité, MBS a affirmé qu’il « ne (traiterait) plus avec l’administration Etats-unienne » en promettant des « conséquences économiques majeures pour Washington ».
D’après le document classifié dont la date n’est pas précisée, MBS a affirmé qu’il « ne (traiterait) plus avec l’administration Etats-unienne » en promettant des « conséquences économiques majeures pour Washington ».
Une source du Conseil national de sécurité a cependant affirmé au Washington Post ne pas « être au courant d’une menace de la sorte », sur fond d’une visite de trois jours d’Antony Blinken, secrétaire d’État américain, en Arabie saoudite, débutée le 6 juin. Le secrétaire d’Etat s’est entretenu avec MBS durant une heure quarante, selon des sources officielles, et les deux hommes auraient eu des échanges cordiaux abordant la normalisation avec Israël, les conflits au Yémen et au Soudan, ainsi que les droits de l’Homme.
Le document ne mentionnent pas si le prince héritier a directement menacé les représentants officiels états-uniens ou si ces dires ont été interceptés sur écoute électronique par les services de renseignement américains.
Ce document classifié fait partie d’une douzaines d’autres ayant fuité en ligne en avril dernier, révélant des informations sensibles destinées aux hauts responsables militaires et des services de renseignement. Jack Teixiera, un jeune membre de la Garde nationale aérienne du Massachusetts, a été inculpé dans le cadre de l’enquête sur les fuites de ces centaines de pages de renseignements militaires classifiés. L’individu a partagé ces documents avec un cercle d’amis restreints sur la plateforme de discussion Discord.
En automne dernier, Joe Biden avait assuré à l’Arabie saoudite qu’il y aurait des “conséquences” si la puissance pétrolière réduisait sa production.
Le ministre saoudien de l’Energie Abdel Aziz ben Salmane a annoncé dimanche à l’issue d’une réunion de l’OPEP + une réduction supplémentaire du pétrole qu’il exporte quotidiennement d’un million de barils pour le mois de juillet, la plus forte réduction depuis des années, portant la production à 9 millions de barils par jour (bp).
MBS avait déjà coupé la production de pétrole de l’OPEP+ de 2 millions de bpj en octobre dernier, une décision alors déjà vue comme une offense par la Maison Blanche, alors que le président américain Joe Biden avait fait une escale à Djeddah en juillet 2022 pour rencontrer le prince héritier et atténuer les tensions entre les deux partenaires. Mais huit mois plus tard, Washington n’a toujours pas entamé de représailles.