Le Parlement libanais a donné sa confiance au nouveau gouvernement
Le Parlement libanais a accordé sa confiance au nouveau gouvernement honni par la rue, faisant fi de l’opposition de centaines de manifestants dispersés par les forces de l’ordre avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
Ayant investi les rues dès l’aube pour empêcher les députés d’accéder au Parlement dans le centre-ville de Beyrouth, les contestataires ont lancé des oeufs et des pierres sur les voitures de certains parlementaires et les barricades en béton érigées par les forces de sécurité, a constaté un correspondant . Enveloppés dans des drapeaux libanais et scandant « pas de confiance », les manifestants ont dénoncé un Parlement « illégitime » et un gouvernement qui ne répond pas selon eux aux aspirations de la contestation.
Cela n’a pas empêché le Parlement d’accorer sa confiance lors du vote qui s’est tenu en soirée, au terme d’une séance marathon de huit heures axée sur la « déclaration ministérielle », qui définit les grandes lignes du programme gouvernemental. Sur les 84 députés présents, le gouvernement a obtenu 63 votes favorables, vingt contre et un parlementaire s’est abstenu.
Juste avant le vote, le Premier ministre Hassan Diab avait une nouvelle fois assuré que son gouvernement « adoptait les revendications du soulèvement, qui a provoqué un tremblement de terre dans le pays ». Il avait promis plus tôt un « plan d’urgence » d’ici la fin du mois.
Dans la rue, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait plus de 370 blessés, dont certains souffrant de difficultés respiratoires sous l’effet des gaz lacrymogènes, a indiqué la Croix-Rouge libanaise, précisant que 45 personnes ont été hospitalisées.
Un député a également été blessé par les manifestants, mais a finalement rejoint la Chambre après un passage à l’hôpital.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé la répression des manifestants.
« Au moment où le Premier ministre Hassan Diab évoquait devant un Parlement à moitié vide l’importance du droit de manifester, les forces de sécurité lançaient des gaz lacrymogènes et frappaient des gens à l’extérieur » de l’hémicycle, a déploré HRW.
Les contestataires réclamaient un gouvernement de technocrates, totalement indépendants de la classe politique, fustigeant un système politique confessionnel ayant longtemps alimenté selon eux la corruption et le clientélisme.
Or l’équipe gouvernementale actuelle a été formée le 21 janvier au terme de plusieurs semaines de tractations âpres entre les partis qui jouissent de la majorité au Parlement, notamment le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) du président Michel Aoun.