Des soldats turcs tués et blessés lors des combats à Idlib
Deux soldats turcs ont été tués et cinq blessés jeudi par une frappe aérienne dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé Ankara, accusant l’aviation du gouvernement syrien de Bachar Al-Assad.
« Deux de nos frères d’armes sont tombés en martyrs et cinq ont été blessés dans une frappe aérienne dans la région d’Idlib », a déclaré le ministère, ajoutant qu’Ankara avait riposté par des bombardements. Cet événement survient alors que les tensions sont vives dans ce secteur entre les forces turques et celle du régime de Damas, soutenues par Moscou.
Ces pertes portent à 16 le nombre de soldats turcs tués à Idlib en février.
Le ministère n’a pas précisé qui avait mené cette frappe, mais le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a immédiatement accusé le régime de Bachar al-Assad d’être l’auteur de cette attaque. « Le sang de nos martyrs ne restera pas sans vengeance, a-t-il déclaré sur Twitter.
Cette inquiétante escalade est survenue quelques minutes avant que la Russie annonce avoir avoir mené des frappes contre les groupes armés soutenus par Ankara.
Dénonçant des frappes venues des positions turques qui ont blessé quatre soldats syriens, l’armée russe appelle dans son communiqué « la partie turque à cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes».
Selon le communiqué russe, les formations rebelles, que la Russie qualifie de « terroristes », ont mené « plusieurs attaques massives » contre les positions syriennes dans les régions d’Al-Nayrab et Qaminas, au sud d’Idlib.
Le communiqué précise que des bombardiers Su-24 ont frappé « des formations terroristes » et permis à l’armée syrienne de repousser leur attaque, détruisant « un tank, six véhicules blindés et cinq véhicules tout-terrain lourdement armés ».
Ces événements surviennent dans un contexte de fortes tensions dans cette région entre les forces turques et les troupes syriennes. Mercredi, le Kremlin avait déjà accusé Ankara de ne pas respecter le cessez-le-feu en Syrie et de ne rien faire pour « neutraliser les terroristes » dans la région rebelle d’Idlib.
La région fait théoriquement l’objet d’un accord de « désescalade » entre Ankara et Moscou mais la Turquie y a considérablement renforcé sa présence militaire. Le régime et la Russie, de leurs côtés, ont enregistré des gains face aux groupes rebelles et terroristes ces dernières semaines.
Par ailleurs, une bombe a explosé jeudi à Damas blessant deux civils, dernière attaque en date dans la capitale syrienne, bastion du pouvoir de Bachar al-Assad, a rapporté l’agence officielle Sana. « Un engin explosif placé sur une camionnette a explosé dans le quartier d’Al-Marjé » dans le centre de Damas, a précisé Sana.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), « la bombe était placée sur un véhicule militaire ». L’attaque n’a pas été revendiquée.
Mardi, une explosion similaire a blessé cinq personnes dans un autre quartier de Damas. Le 10 février, une bombe placée à bord d’un véhicule a explosé sans faire de victimes.
La capitale syrienne a été régulièrement visée par des attentats à la bombe depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 mais le rythme des attaques avait fortement diminué à la suite de la reprise par le régime en 2018 de l’ensemble de la région de Damas et ses alentours, d’où les rebelles et terroristes ont été chassés.
Les accrochages dans la province d’Idlib risquent de renforcer encore les tensions déjà vives dans la région d’Idlib entre les forces turques et celle du régime de Damas, soutenues par Moscou.
Depuis que des soldats turcs ont été tués début février par des bombardements d’artillerie du régime dans cette région, la situation n’a fait qu’empirer. Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a sommé les forces du régime syrien de se retirer de certaines positions à Idlib d’ici fin février, menaçant sinon de les y contraindre.
La situation à Idlib suscite en outre des frictions de plus en plus fortes entre Ankara, qui soutient des groupes rebelles, et Moscou, qui appuie le régime.
En dépit de leurs intérêts divergents, la Turquie et la Russie coopèrent depuis plusieurs années pour trouver une solution au conflit en Syrie qui, depuis 2011, a fait au moins 380 000 morts.
Cependant, les deux pays ont eu plusieurs échanges musclés ces derniers jours.
La situation humanitaire à Idlib n’a fait qu’empirer depuis le déclenchement en décembre d’une offensive du régime, déterminé à reprendre ce derniers bastion rebelle dominé par des terroristes.
Selon l’ONU, environ 900 000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui les violences dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre.