Kaïs Saïed: Je travaillerai malgré les complots pour réaliser vos revendications

Le président tunisien Kaïs Saïed a rendu hommage mardi, jour du 9e anniversaire du déclenchement du soulèvement populaire ayant mis fin au régime de Zine El Abidine Ben Ali, aux revendications de la révolution, lors d’une visite inopinée dans le centre du pays.

Très largement élu en octobre, Kaïs Saïed n’a fait quasiment aucune déclaration depuis sa prestation de serment en novembre.

Il s’est rendu dans l’après-midi, sans aucune annonce préalable aux médias, à Sidi Bouzid, où avaient eu lieu les premières manifestations ayant entraîné la chute de Ben Ali, décédé en septembre dernier en Arabie saoudite.

Il a notamment promis de réaliser « dans le cadre de la Constitution et dans la légitimité » les revendications phares de la révolution, toujours scandées par les habitants de cette région: « liberté, travail et dignité ».

« Je vais travailler malgré les manipulations (…) et les complots (…) pour réaliser vos revendications », a-t-il promis à une foule compacte dans le centre de Sidi Bouzid.

Kaïs Saïed s’est adressé à l’assistance en leur disant qu’ils connaissent très bien les ennemis de leur révolution et les gens qui se cachaient derrière eux, leur demandant de s’opposer à leurs sombres desseins.

Une allocution enflammée tenue par le Président de la République pour confirmer, si besoin était, la rupture entre lui et les partis politiques. Une harangue qui va mettre aux aguets toute la classe politique, qui va sans doute le vivre comme un coup d’Etat ébauché par le Président, qui se sent renforcé par le soutien de ses électeurs, contre leurs intérêts.

Mounir Al-Khelaifi, directeur du département de recherche politique à la faculté de droit tunisienne, lit le discours de Kaïs Saïed au public : « Une déclaration de guerre politique contre la classe politique qui règne depuis 2011, dirigée par le mouvement Ennahda », bien qu’il n’ait pas donné plus de détails sur les projets politiques que Saïed veut mettre en œuvre en Tunisie.

Al-Khelaifi a déclaré que son discours d’un complot contre lui était destiné à l’attentat à la bombe aveugle de l’ancien conseiller de la confrérie Abu Yasir al-Marzouki, qui a minimisé Kaïs Saïed et lui a promis un outil dans les mains du renseignement étranger.

Dans un texte publié sur la page de réseautage social de The Social Networking Page, Abu Ya’ar al-Marzouki a accusé M. Saïed de ne pas être en mesure de diriger le pays et que ses politiques n’étaient que des slogans suspects et inquiétants.

Il a ajouté que cette « préoccupation » de l’identité politique de Kaïs Saïed confond l’ensemble de la scène politique, en particulier les relations futures entre les organes de l’Etat en Tunisie et la présidence de la République et la présidence du gouvernement représenté par Habib Jamali.

Mounir Al-Khelaifi a déclaré que les brèves rencontres entre Al-Jamali et M. Saïed reflètent l’interruption des ponts de communication entre Ennahda et le président de la République, soulignant que la période récente ne connaissait pas les réunions intensives comme des « protocoles » imposés et des décrets tunisiens entre Rachid Ghannouchi, président du parlement, et Qais Said en tant que président de la République tunisienne, qui ouvrira la relation future à de futurs conflits.

M. Saied a aussi annoncé que la date de 17 décembre serait désormais une fête nationale. La Tunisie fête déjà le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali.

Le 17 décembre 2010, des manifestations avaient éclaté après l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi, un marchand ambulant protestant contre la confiscation de sa marchandise dans la région marginalisée de Sidi Bouzid.

Depuis la révolution, cette région a connu des troubles sociaux récurrents nourris par le chômage et la pauvreté, et aucun président n’a pu répondre aux attentes sociales de cette région, qui s’estime toujours marginalisée par le pouvoir, en dépit de l’amélioration des infrastructures de la ville.

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