La Slovaquie suspend son aide militaire à l’Ukraine
Après l’annonce de la victoire aux élections législatives du parti Smer et la nomination de son chef, Robert Fico, comme Premier ministre, la Slovaquie a décidé de geler ses décisions sur le soutien militaire à Kiev dans l’attente du nouveau gouvernement, a appris auprès de la présidence.
Lundi, la présidente a confié la formation du nouveau gouvernement au populiste Robert Fico, opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et considéré comme pro-russe.
«La présidente Zuzana Caputova partage le point de vue du Premier ministre sortant Ludovit Odor, selon lequel la décision sur la question du soutien militaire à Kiev devrait refléter les résultats des récentes élections législatives», a indiqué Martin Strizinec, porte-parole de la présidence, le 5 octobre.
«Une décision concernant la fourniture d’une assistance militaire à ce moment précis créerait un précédent pour de futurs changements de pouvoir politique. De plus, le gouvernement technique sortant actuel a des compétences limitées», a ajouté le porte-parole. Il a également souligné que la présidente Zuzana Caputova n’avait quant à elle «pas changé de position sur l’aide militaire à l’Ukraine et qu’elle continuerait à la soutenir dans la limite des possibilités dont disposent encore les forces armées slovaques».
Robert Fico avait affirmé durant sa campagne sa ferme opposition au soutien militaire à l’Ukraine. Il promettait alors que la Slovaquie n’enverrait plus «une seule balle de munition» à l’Ukraine et appelé à de meilleures relations avec la Russie. Cet ex-Premier ministre avait également déclaré récemment que «la guerre en Ukraine [avait] commencé en 2014 lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe».
Le 1er octobre, il a estimé que son pays avait des «problèmes plus importants» que l’aide à l’Ukraine, alors que jusqu’à présent la Slovaquie, membre de l’UE et de l’Otan, a été un important donateur européen à l’Ukraine, en proportion de son PIB. Elle avait notamment livré à l’Ukraine treize chasseurs MIG-29 au mois de mars 2023. «Nous pensons que l’Ukraine est une immense tragédie pour tous. Si le Smer est chargé de former un cabinet (…), nous ferons de notre mieux pour organiser des pourparlers de paix dès que possible», avait déclaré Fico.
Il avait reçu 22,9% des suffrages, soit 48 sièges sur les 150 du Parlement. Il a ainsi devancé le parti centriste Slovanie progressiste, qui n’a obtenu que 18% des voix. Pour gouverner, Fico aura besoin d’une coalition pour atteindre la majorité de 150 sièges au Parlement, son parti en ayant obtenu 42. Le parti de gauche Hlas-SD (27 sièges), formé autour de dissidents du Smer, est l’un de ses partenaires potentiels. Les deux partis pourraient faire équipe avec le parti nationaliste SNS qui a obtenu 10 sièges, pour bénéficier d’une majorité de 79 sièges.