La Turquie n’a pas respecté les principes d’élections démocratiques
Après les élections qui se sont déroulées en Turquie dimanche, les observateurs ont signalé des lacunes dans le déroulé des évènements. « La Turquie n’a pas respecté les principes d’élections démocratiques », explique Frank Schwabe, responsable de la mission d’observation du Conseil de l’Europe, lundi à Ankara.
« Il y avait un manque de transparence dans le comptage des voix », ajoute la délégation. Le Conseil Électoral Suprême (CES) est également accusé d’être sous l’influence du gouvernement. Il n’avait jamais été question de traitement équitable avant les élections non plus.
L’AKP, le parti au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan avait des « avantages inéquitables », par exemple en termes de couverture dans les médias, étant donné que le gouvernement turc contrôle une grosse partie du paysage médiatique.
Dans certains cas, l’opposition a été soumise à d’importantes pressions. La faible participation dans les régions touchées par le tremblement de terre de février était également une source d’inquiétude. « Il n’y avait pas d’obstacle juridique, mais la pression émotionnelle était forte. » Les données officielles sur la participation dans les régions en question n’est toutefois pas encore disponible.
Dans son dernier rapport annuel, l’organisation américaine de surveillance Freedom House soulignait également que « les juges du Conseil électoral suprême (YSK), qui supervisent toutes les procédures de vote, sont nommés par des organes judiciaires dominés par l’AKP et s’en remettent souvent » au parti présidentiel. Freedom House, qui classe la Turquie comme « non libre », lui attribue une note de 2 sur 4 pour l’équité de ses élections. C’est donc le contrôle total du processus électoral par un organe aux ordres d’un seul parti, voire d’un seul homme, qui jette un doute sur l’honnêteté du processus démocratique en Turquie et son équité.
D’autant que la mainmise de Tayyip Erdogan ne se limite pas aux institutions mais à la plupart des médias, réduisant pour ses concurrents la possibilité de médiatiser leurs idées et programmes. Pour Reporters sans Frontières (RSF), « le pluralisme des médias est plus que jamais remis en cause. Tous les moyens sont bons pour affaiblir les critiques. Alors que 90 % des médias nationaux sont sous le contrôle du pouvoir, les tribunaux et les institutions dites d’autorégulation des médias, telles que le Haut Conseil de l’Audiovisuel (RTÜK), la Commission de la carte de presse et l’agence de distribution de la publicité publique (BIK) n’ont cessé de fragiliser ce qui reste de médias critiques », affirme l’organisation dans un rapport rendu public un mois avant le scrutin.
Déployés en Turquie dimanche 14 mai, les observateurs de la mission conjointe de l’OSCE et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe concèdent que les élections ont offert aux électeurs « le choix entre de véritables alternatives politiques ». Mais ils soulignent que « le président actuel et les partis au pouvoir ont bénéficié d’un avantage injustifié. Les restrictions continues des libertés fondamentales de réunion, d’association et d’expression ont entravé la participation de certains politiciens et partis d’opposition ».
par: Arab Observer