Lloyd Austin annonce la formation d’une coalition contre les attaques des Houthis en mer Rouge
Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé lundi la formation en mer Rouge d’une coalition de 10 pays, afin de faire face aux attaques répétées des Houthis contre des navires que ces rebelles yéménites considèrent comme « liés à Israël ».
« L’escalade récente des attaques irresponsables des Houthis en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et viole le droit international », a-t-il déclaré.
« C’est pourquoi aujourd’hui j’annonce l’établissement de l’opération Prosperity Guardian », a ajouté le chef du Pentagone.
Outre les Etats-Unis, Lloyd Austin a indiqué dans un communiqué que la France, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, et les Seychelles prendraient part à cette coalition.
En visite en Israël, Lloyd Austin avait plus tôt appelé l’Iran à cesser son « soutien » aux opérations des Houthis contre les navires commerciaux, à l’issue d’entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Israël ne fait pas partie des Etats mentionnés par le chef du Pentagone comme faisant partie de la coalition en mer Rouge.
En 2019, Washington avait lancé une coalition navale pour protéger le transport maritime dans les eaux du Golfe, après une série d’attaques attribuées par les Etats-Unis à l’Iran, qui niait en être à l’origine.
Plus tôt lundi, les Houthis avaient revendiqué de nouvelles attaques en mer Rouge visant deux navires « liés à Israël ».
Les Houthis ont affirmé dans un communiqué avoir « mené une opération militaire contre deux navires liés à l’entité sioniste à l’aide d’hydravions », identifiant les navires pris pour cible comme étant le M/T Swan Atlantic et le MSC Clara.
Le propriétaire du navire norvégien M/T Swan Atlantic a reconnu que le tanker avait été touché par un « objet non identifié ». « Heureusement les membres de l’équipage indien n’ont pas été blessés et, selon eux, le bateau a subi des dégâts limités », a précisé l’armateur norvégien Inventor Chemical Tankers dans un communiqué.
Dans l’immédiat, les géants du transport maritime désertent le passage par le détroit stratégique de Bab al-Mandeb, qui sépare la péninsule arabique de l’Afrique, et par lequel transite 40 % du commerce mondial.
Suivant l’exemple de nombreux armateurs, le géant britannique des hydrocarbures BP et le géant taïwanais du transport maritime Evergreen ont ainsi annoncé suspendre tout transit en mer Rouge à cause des attaques à répétition.
En fin de semaine dernière, le Danois Maersk, l’Allemand Hapag-Lloyd, le Français CMA CGM et l’Italo-suisse MSC avaient fait savoir ces derniers jours que leurs navires n’emprunteraient plus la mer Rouge « jusqu’à nouvel ordre », au moins jusqu’à lundi ou jusqu’à ce que le passage « soit sûr ».
La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a estimé dimanche que ces attaques « ne peuvent rester sans réponse ».
Contrôlant une bonne partie du Yémen, les Houthis ont prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du pays s’ils sont des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre qui patrouillent dans la zone.
La mer Rouge est une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie. Environ 20.000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, porte d’entrée et de sortie des navires passant par la mer Rouge.
« Le bateau n’a aucun lien avec Israël que ce soit du côté de son propriétaire (norvégien) que de la gestion technique (singapourien) ou de son chargement », a souligné le propriétaire du navire norvégien du M/T Swan Atlantic, précisant que le tanker se rendait de France métropolitaine à la Réunion. Il est désormais sous la protection de la marine américaine.
S’ils ne transitent plus par le canal de Suez et la mer Rouge, les navires doivent contourner l’Afrique et passer par le Cap de Bonne-Espérance, ce qui va considérablement rallonger les trajets.