38 manifestants ont été tués en Birmanie
Des manifestants ont continué à descendre dans les rues jeudi en Birmanie mais la peur était dans tous les esprits au lendemain de la journée de répression la plus meurtrière depuis le coup d’Etat, avec au moins 38 manifestants tués d’après l’ONU.
Malgré la crainte des représailles, plusieurs manifestations ont eu lieu, notamment à Rangoun, la capitale économique.
Les Nations Unies ont haussé le ton, exhortant l’armée à cesser « d’assassiner » les contestaires pro-démocrates.
« Je suis également consternée par les attaques documentées contre le personnel médical d’urgence et les ambulances qui tentent de prodiguer des soins aux personnes blessées », a déclaré Michelle Bachelet, Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.
« Nous sommes unis », ont scandé des protestataires, protégés derrière des barricades de fortune érigées à l’aide de vieux pneus, briques, sacs de sable, bambou et fil de fer barbelé.
La junte semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde qui souffle sur le pays depuis le coup d’Etat du 1er février contre le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.
Mercredi, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles dans plusieurs villes pour disperser des rassemblements pro-démocratie, des images diffusés sur les réseaux sociaux montrant des manifestants couverts de sang et blessés par balles à la tête.
Bilan, au moins 38 morts, selon l’émissaire onusienne pour la Birmanie, la Suissesse Christine Schraner Burgener.
Mercredi, « a été une journée horrible (…) c’est très triste de constater que l’armée birmane n’a pas changé », a relevé Thinzar Shunlei Yi, une militante de premier plan.
Au moins 54 civils ont été tués depuis le putsch, selon l’ONU. Parmi les victimes, quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d’après l’ONG Save the Children. On compte aussi des dizaines de blessés.
« Le recours à la force meurtrière (…) montre à quel point les forces de sécurité craignent peu d’être tenues pour responsables de leurs actes », a souligné Richard Weir chez Human Rights Watch.
Une foule très importante s’est rassemblée jeudi à Mandalay, deuxième ville du pays, pour les funérailles d’une jeune fille de 19 ans, décédée la veille. « Il n’y aura pas de pardon pour vous jusqu’à la fin du monde », a chanté l’assemblée, réunie devant son cercueil entouré de fleurs.
Le président Emmanuel Macron a exhorté à « l’arrêt immédiat de la répression » et le département d’Etat américain s’est dit « horrifié et révulsé », appelant la Chine à « utiliser son influence » auprès des généraux.
Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane aux Nations unies, n’ont pas formellement condamné le coup d’Etat, considérant la crise comme « une affaire intérieure » au pays.
par: Arab Observer