Polémique en Tunisie sur l’accueil par le président des fils de Daech
Le président tunisien Qais Saïd a été vivement critiqué pour avoir reçu les fils de combattants tunisiens de l’Etat islamique tués en Libye au Palais de Carthage après les avoir reçus des autorités libyennes, une décision qui a irrité les familles des membres de la sécurité et des militaires tués par des groupes terroristes.
Le président de la République Kais Saied a reçu jeudi, au palais de Carthage, six enfants orphelins tunisiens qui ont été rapatriés de Libye ce soir après avoir été secourus, encadrés et hébergés par le Croissant-Rouge libyen dans la ville de Misrata après la bataille déclenchée en 2016 à Syrte contre l’organisation terroriste Daech.
Le chef de l’Etat a souligné à cette occasion qu’il importait d’accélérer la prise de toutes les mesures nécessaires par les structures concernées de l’Etat pour fournir l’assistance psychologique et des soins de santé à ces enfants avant leur remise à leur famille, tout en continuant à leur assurer l’encadrement nécessaire, indique un communiqué du département de l’information et de la communication de la présidence de la République.
Le président de la République a recommandé de poursuivre le suivi de cet important dossier afin de faciliter le retour du reste des enfants bloqués en Libye, remerciant tous ceux qui ont contribué à assurer le retour de ces enfants, côté tunisien et libyen, en particulier le gouvernement libyen d’entente nationale et la Société libyenne du Croissant-Rouge, « qui ont fait preuve d’une grande coopération pour le succès de cette opération humanitaire ».
Le président de l’Observatoire tunisien des droits de l’homme, Mustapha Abdelkabir, a fait savoir plus tôt dans la journée que les six enfants orphelins de combattants tunisiens au sein de Daech, âgés de 4 à 12 ans ont été remis jeudi aux autorités tunisiennes en Libye et étaient attendus jeudi soir à l »aéroport de Tunis-Carthage en provenance de l’aéroport libyen de Misrata.
Abdelkabir a fait savoir que ces enfants se trouvaient dans une crèche affiliée au Croissant-Rouge libyen, branche de Misrata, sous la supervision des autorités de sécurité libyennes, notant que ces autorités avaient assuré le processus de leur remise au consul général de Tunisie en tant qu’autorité officielle responsable.
Pour sa part, l’avocat Habib Achour a déclaré que ces enfants qui ont été reçus par le président Qais Saïd ne portent pas la responsabilité de leurs parents, mais il s’est demandé pourquoi le président a tenu à souligner son soin pour cette catégorie.
Salwa Cherfi, professeur à l’Université tunisienne, a déclaré que la garantie de l’Etat du retour des orphelins terroristes ne vaut pas la peine d’être discutée, parce qu’il s’agit d’enfants tunisiens, orphelins qui n’ont aucune culpabilité dans les crimes commis par leurs parents en Syrie et en Libye, mais elle s’est interrogée sur la signification de leur réception par le chef de l’État.
« Le chef de l’Etat est-il conscient de l’importance de ce mouvement symbolique qui blanchit et légitime le terrorisme, ou sa culture politique ne lui permet-elle pas de comprendre ces significations? » Mais s’il en est conscient, c’est dangereux. »
En réponse à ces critiques, la chef des médias à la présidence de la République, Rashida Al-Naifer, a republié des photos de la supervision par le président Qais Said du cortège commémorant le quatrième anniversaire du martyre des agents de sécurité présidentiels, le 24 novembre, lorsqu’il a rencontré un certain nombre de fils et de familles des forces de sécurité tués dans l’attentat de leur bus dans le centre de Tunis.