Poutine reviendra à l’accord sur les céréales, sous conditions
Le président Vladimir Poutine pourrait faire volte-face et revenir à l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, si ses demandes sont réalisées « dans leur totalité », a-t-il fait savoir lors d’une prise de parole télévisée. Si cette condition n’était pas remplie, la prolongation de l’accord « n’aurait plus de sens », a-t-il ajouté.
La Russie a décidé cette semaine de ne pas prolonger l’accord visant à permettre les exportations de céréales ukrainiennes après des mois de critiques envers ce texte, Moscou affirmant que ses propres livraisons de produits agricoles et d’engrais sont entravées par les sanctions.
« Nous examinerons la possibilité de retourner [à l’accord], mais à une condition : que tous les principes de participation de la Russie à cet accord soient pris en compte et réalisés sans exception et dans leur totalité », a déclaré le chef d’État russe en pleine réunion gouvernementale retransmise à la télévision.
Elle réclame aussi que des banques et institutions financières russes soient reconnectées au système bancaire international SWIFT, dont elles ont été privées après le début de l’offensive en Ukraine en 2022.
Moscou réclame enfin la reprise du fonctionnement du gigantesque pipeline reliant la ville russe de Togliatti au port ukrainien d’Odessa servant à l’exportation d’ammoniac, composant-clef des engrais. Ce tube, hors service depuis le conflit, a été victime d’une explosion attribuée à Kiev par Moscou en juin.
Le secteur agricole de la Russie, l’un des plus grands exportateurs mondiaux de céréales avec l’Ukraine, doit aussi faire face au manque de pièces détachées pour les machines et l’industrie, ainsi qu’à des problèmes d’assurance des navires.
« Dès que ces conditions seront remplies, nous reviendrons immédiatement à cet accord », a martelé Vladimir Poutine, accusant les Occidentaux d’avoir « profité sans vergogne » des exportations de céréales depuis l’Ukraine.
« Au lieu d’aider les pays qui en ont réellement besoin, l’Occident a utilisé l’accord sur les céréales à des fins de chantage politique et en a fait un outil d’enrichissement de multinationales, de spéculateurs sur le marché mondial », a-t-il accusé.
Selon lui, l’accord céréalier a provoqué des pertes chiffrées à 1,2 milliard de dollars chez les agriculteurs russes et une baisse de rentabilité des exportations.
« Notre pays est en mesure de remplacer les céréales ukrainiennes à la fois commercialement et gratuitement », a poursuivi le chef du Kremlin, prédisant une « récolte record » cette année.