Trump rencontre Starmer sans donner aucune garantie de paix en Ukraine

Le président américain, Donald Trump, a reçu très aimablement jeudi le Premier ministre britannique Keir Starmer, porteur d’une rare invitation du roi Charles, mais n’a rien promis en termes de garanties sur la paix en Ukraine, préférant exprimer sa confiance en Vladimir Poutine.

La conférence de presse informelle qui s’est tenue hier dans le Bureau ovale en marge de leur discussion a été aussi fascinante que glaçante, notamment lorsqu’un journaliste a demandé à Donald Trump si, dans le cas où les Britanniques enverraient des troupes en Ukraine et seraient attaqués par la Russie, les États-Unis interviendraient.

Les Britanniques savent très bien prendre soin d’eux, ils n’ont pas besoin d’aide, a répondu Trump. Puis, se tournant vers Keir Starmer, assis à sa droite : Pourriez-vous affronter la Russie seuls? Hésitation du travailliste, puis éclats de rires mutuels pour meubler le malaise. Quelques secondes plus tôt, Keir Starmer avait remis à l’occupant de la Maison-Blanche une lettre signée de Charles III, l’invitant à une visite d’État. La deuxième, ce qui est sans précédent, avait-il souligné.

Keir Starmer, comme le président français Emmanuel Macron lundi, déjà à Washington, a souligné que sans dispositif robuste prévu dès le départ, rien n’empêcherait le président russe de violer un cessez-le-feu.

Donald Trump, qui a entamé un spectaculaire rapprochement avec le Kremlin, s’est au contraire dit convaincu que Vladimir Poutine tiendrait parole en cas de cessation des hostilités.

Donald Trump, qui a plusieurs fois critiqué l’OTAN, a bien dit qu’il soutenait l’article 5 du traité constitutif de l’Alliance transatlantique, celui qui pose le principe de défense réciproque, mais a ajouté : Je ne pense pas que nous aurons la moindre raison de l’invoquer pour protéger des troupes britanniques ou françaises en Ukraine.

Je veux une paix durable et je ne crois pas que cela soit possible s’il n’y a pas un mécanisme de dissuasion efficace face à Poutine. Le Royaume-Uni jouera son rôle avec d’autres mais nous avons besoin d’un filet de sécurité américain, avait dit mercredi le dirigeant travailliste.

A la veille de la venue du président Volodymyr Zelensky, afin de conclure un accord sur l’exploitation des ressources minières du sol ukrainien, Donald Trump s’est réjoui de cette avancée, prioritaire à ses yeux. Ce texte, rééquilibré par rapport à sa version initiale très défavorable à Kiev, va offrir la base pour une future relation plus durable entre les Etats-Unis et l’Ukraine, qui stimule la prospérité à long terme et aidera les Ukrainiens à reconstruire leur pays, a-t-il assuré.

Cet accord pourrait s’avérer très contreproductif pour la protection réclamée par Zelensky, Donald Trump ayant indiqué qu’il constituerait, en soi, le filet de sécurité souhaité par les Européens pour établir leurs propres forces de maintien de la paix en Ukraine.

Je ne sais pas ce que vous entendez par filet de sécurité, s’est interrogé Trump. Vous voulez dire une protection psychologique? Une protection militaire? Nous serons une protection parce que nous serons là-bas, nous travaillerons dans le pays, nous y aurons beaucoup de gens.

Cet accord rapprocherait forcément Washington de Kiev, mais son succès commercial, essentiel, dépendrait de la véritable richesse des réserves minérales. Celles-ci sont assez incertaines, la dernière étude remontant à l’époque soviétique. Donald Trump ayant encore assuré que les États-Unis avaient apporté 350 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine pour son effort de guerre – un chiffre trois fois supérieur à la réalité – la solidité d’un tel accord serait sujette à caution.

Depuis le 20 janvier, Trump n’a d’ailleurs pas hésité à remettre en cause l’accord commercial qu’il a lui-même signé en 2020 avec le Canada et le Mexique. Hier matin, il a annoncé sur son réseau social que les droits de douane sur ces deux pays seraient de nouveau appliqués dès le 4 mars, après avoir été suspendus jusqu’au 1ᵉʳ avril. Les produits chinois feront aussi l’objet de 10% de droits de douane supplémentaires.

La position américaine reste inchangée sur le point central que voulaient faire évoluer les Européens; Le président américain a confirmé son refus de discuter de forces de maintien de la paix avant la signature d’un accord entre la Russie et l’Ukraine, soulignant que le simple accès aux minéraux ukrainiens constitue en soi une protection américaine.

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