La Banque mondiale s’alarme d’une forte hausse pauvreté en Asie et pacifique
Dans un rapport sur les pays d’Asie et du pacifique, la Banque mondiale s’alarme d’une forte hausse à venir de la pauvreté dans cette zone. Alors que la croissance s’effondre, entre 11 et 24 millions de personnes seraient contraintes de rester sous le seuil de pauvreté et de vivre avec moins de 5,50 dollars par jour.
L’Asie de l’est était, de loin, considérée comme la zone ayant enregistré les meilleurs résultats en termes de réduction du nombre de pauvres . Récemment, la Banque mondiale plaidait pour une mondialisation encore plus poussée . Mais, avec la pandémie du covid-19, un grand nombre de personnes restera à quai. C’est l’un des constats de la Banque mondiale dans un rapport sur les pays d’Asie de l’est et du pacifique, publié lundi soir.
Reconnaissant la difficulté d’établir des prévisions économiques, l’institution multilatérale élabore deux scénarios. Le premier prévoit un sévère ralentissement suivi d’une forte reprise, ramenant la croissance de 2020 à 2,1 %, contre 5,8 % en 2019. Il suppose que les importantes mesures de soutien budgétaire et monétaire empêchent tout impact durable de la pandémie sur l’activité mondiale. Le second envisage une contraction plus profonde de l’économie suivie d’une reprise lente. La récession est assurée et le Produit Intérieur Brut de la région recule, sur l’ensemble de l’année, de 0,5 %. La Thaïlande (- 5 %), la Malaisie (-4,6 %) et l’Indonésie (-3,5 %) sont les trois pays les plus durement touchés. La Chine, quant à elle, voit sa croissance passer de 6,1 % en 2019 à 0,1 % cette année.
Face à ces vents contraires, le taux de pauvreté de la zone devrait progresser. Dans le premier cas, la Banque mondiale estime que 11 millions de personnes manqueraient à l’appel en ne parvenant pas à passer au-dessus du seuil de pauvreté de 5,50 dollars par jour. Dans le second cas, le chiffre monte à près de 24 millions de personnes. Avant que ne survienne l’épidémie, la Banque prévoyait que près de 35 millions de personnes auraient dû sortir de la pauvreté dans la région en 2020, dont plus de 25 millions rien qu’en Chine.
Le covid-19 en décide autrement. En Chine et dans d’autres pays, le risque de tomber dans la pauvreté est particulièrement élevé parmi le secteur informel et les travailleurs indépendants qui ne bénéficient pas de congés de maladie payés ou d’autres formes de protection sociale. De même les personnes travaillant dans le tourisme (Thaïlande, îles du pacifique) ou relevant des chaînes de valeur internationales manufacturières (Cambodge, Vietnam) sont vulnérables. Ainsi, la Banque mondiale calcule que « si les ménages des secteurs du tourisme et de la vente au détail en Chine subissent une perte de revenu de 50 % pendant 2 trimestres, leur taux de pauvreté augmenterait de 12 points de pourcentage ». Dans les îles Tonga, où un tiers des ménages dépendent des revenus du tourisme, la pauvreté pourrait atteindre les deux tiers de la population vivant dans des ménages liés à ce secteur, si elle est confrontée à une perte de revenu de 50 % sur une période de 6 mois, contre 49 % avant l’éclosion. Un scénario de perte de revenu similaire parmi ceux liés à l’industrie du vêtement au Vietnam doublerait la pauvreté dans les ménages liés à ce secteur de 14 % à 28 %. Dans un tel contexte, l’atteinte du premier objectif de développement durable – éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde d’ici à 2030 – relèvera de l’exploit.
par: Arab Observer